jeudi 15 mai 2014

Vite vite je meurssssssssssssssssss

J'ai beaucoup de respect pour Mme Chaton.

D'ailleurs j'ai beaucoup de respect pour tous les résidents ... Peu importe leur caractère, je les respecte...

  C'est une dame moyennement âgée (elle n'a que 82ans), "hyper-angoissée" mais qui sait comment manipuler les filles du service... Parmis ses défauts il y a, en plus de la mauvaise foi, le mensonge ...

Mais bon personne n'est parfait ... Si si j'ai bien écrit PERSONNE ...

Madame Chaton a besoin de présence ... C'est dont tout naturellement que je laisse entre ouverte sa porte de chambre la nuit. Ouverte juste assez pour qu'elle voit (le lit est en face, à gauche donc on la voit rapidement) les gens passer, mais pas trop pour (la sécurité en cas d'incendie) qu'elle ne soit pas réveillée à chaque fois que soit ma collègue soit moi passons devant sa chambre...

Madame Chaton fait des nuits sous forme de siestes devant sa télévision. C'est sa manière de vivre, c'est ainsi.
Elle ne quitte pas son lit car (ce qu'elle nous dit) son kiné lui a dit que c'est très mauvais pour son genou de se lever... On respecte son choix tout en lui faisant de manière "light" des la prévention quant aux risques liés à l'alitement ...


Quand elle s'ennuie ou a une angoisse, ... Elle appelle et se créé un symptôme... c'est à nous de la rassurer, voire de lui prendre une constante parce qu'après tout un jour ce sera vrai et puis de prendre une petite tension n'a jamais tué un soignant ...

Donc hier soir Madame Chaton sonne plus tôt qu'à son habitude ... Oui parce qu'elle a des soucis de santé au moment des publicités ou quand on émission télévisée est terminée ou encore quand elle entend mes pas dans les couloirs (les crocs ne sont pas si silencieux que cela) ... C'est ainsi ...

J'arrive chez Madame Chaton, souriante comme d'habitude, je frappe à la porte et je la salue quand elle me répond de rentrer. S'en suit une discussion limite amicale puisque l'on ne s'est pas vues depuis mon retour de repos d'une semaine (par principe je reste sur mes gardes et ne parle pas trop en profondeur de ma vie privée, puisqu'elle est privée) ...
On discute de tout, de rien, on rigole, on raconte des bêtises, ... Comme d'habitude quoi ...

Et puis ... C'est là que je demande à Madame Charton la raison de son appel...
"Ah oui" me dit-elle "j'ai des difficultés à respirer et j'ai l'impression d'étouffer" ...
Je me mords la langue pour ne pas rire, car ce n'est pas parce qu'on sait qu'elle ment qu'il faut la prendre pour une idiote ... Derrière ses mensonges se cache de l'angoisse ... Et se moquer d'elle me ferait perdre cette relation de confiance instaurée et qui la soulage tellement ...
Donc je reprends mon sérieux, et je lui énonce les manifestations physiques liées à une personne qui manque d'air et qui étouffe.

Je lui glisse un "faites moi confiance" ... Elle regarde des ongles, ils ne sont pas bleus ... Elle prend son miroir et regarde sa bouche ... Pas de cyanose ... Et je lui dis gentiment que si elle arrive à discuter autant et à rigoler à en faire tomber sa mâchoire ... C'est qu'elle va bien ...
Je lui explique que quelqu'un qui étouffe a d'autre priorité que de blaguer avec son soignant ...

Je propose à Madame Chaton (une porte de sortie) de lui prendre sa saturation pour compléter de la rassurer, mais elle refuse. Donc je la salue et même pas 5 minutes après être sortie de sa chambre, je la regarde dormir ...


Parfois dans ce métier on a l'impression de perdre la boule ... Bon d'accord j'avoue avoir un grain ...


Quand on a vérifié que la personne n'a rien et qu'elle veut de la présence, toujours lui laisser une porte de sortie pour qu'elle ne reste pas démunie dans son "délire" (elle n'est pas psychotique). Quand on lui laisse une porte de sortie, elle reprend le contrôle de la situation et se rend compte qu'elle est rassurée ...
Je ne sais pas si c'est la meilleure manière de faire, mais c'est celle qui fonctionne avec les patients de mon taf ...


Ah ce que j'aurais aimé être I.S.P. ... La psychiatrie aurait été mon élément ...



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